Histoire
L’enfant resté au printemps
Kōsuke a décidé de se faire appeler Ryuji après la mort d’Arisu,
comme pour enterrer avec elle l’enfant qu’il était vulnérable, aimant, blessé.
Ce changement de nom est devenu une armure : une façon de ne plus laisser le monde l’atteindre,
de couper avec un passé trop douloureux.
Seuls ses parents, sa sœur, et plus tard son ex ont le droit de l’appeler Kōsuke.
Pour tous les autres, il est Ryuji, ou simplement Kikuchi.
Famille
Père : Akihiro Kikuchi
Mère : Haruka Kanzaki
Soeur : Arisu Kikuchi
Histoire
Enfance
Il est né dans un petit appartement de Nagoya, dans un immeuble fatigué, au bout d’un couloir sombre. Son père, Akihiro, était menuisier. Un homme au dos voûté, aux mains pleines d’échardes, et au silence pesant. Sa mère, Haruka, pliait le linge avec la minutie d’une femme qui se retenait de crier. Chez les Kikuchi, on ne parlait pas fort. On ne pleurait pas non plus. On comptait les pièces dans une petite boîte en fer, et on priait pour que l’électricité reste allumée un mois de plus. Kōsuke grandissait dans ce monde étroit, sans exubérance, mais avec un certain calme. Jusqu’à l’arrivée d’Arisu. Elle était sa petite sœur.Arisu était malade. Dès la naissance. Une maladie aux noms compliqués, qu’on ne prononçait plus à la maison, tant ils sonnaient comme des condamnations. Elle passait plus de temps dans des lits d’hôpitaux que dans les parcs. Mais elle riait. Elle riait avec les yeux, surtout. Avec les doigts, aussi, quand elle lui tendait un dessin ou qu’elle lui tirait la manche pour qu’il lui raconte une histoire. Et il lui en racontait. Des centaines. Dans lesquelles elle était une princesse invincible et lui, son chevalier. Elle disait qu’il était fort. Il ne la contredisait pas. Même quand il rentrait du collège avec des bleus qu’il cachait sous ses manches trop longues.A l’école, on l’appelait Ryuji. Du moins, ils l’avaient fait un temps. Avant de changer. Avant que les regards ne deviennent tranchants et les mots venimeux. Les moqueries étaient petites au début. Une remarque sur ses vêtements. Sur ses chaussures. Puis c’était son silence qu’ils ont attaqué. Sa pauvreté. Lui-même. Ses amis ont ri avec les autres. Puis se sont éloignés. Et un jour, il n’avait plus de place nulle part. Juste un coin, seul, à la table du fond. Mais il ne disait rien. Pas parce qu’il n’avait pas mal. Parce qu’il ne voulait pas qu’Arisu sache. Parce qu’elle, elle souffrait pour de vrai. Et qu’il n’était pas question qu’elle le voit abîmé.Il a tenu. Jusqu’au jour où elle n’a plus tenu, elle.Elle est morte au début du printemps. Un matin pâle alors que les cerisiers fleurissaient. Le monde a changé ce jour-là. Non, il s’est arrêté. Complètement. Et dans ce silence absolu, une chose s’est brisée définitivement : Kosuke. Ce nom-là n’existait plus. Il ne restait que Ryuji. Une armure, un masque, un vide.Maki, sa seule amie et sa petite amie de l'époque était elle aussi partie sans éclat.Les années ont passé...
Histoire
Adulte
Il y a une librairie au fond d’une ruelle de Tokyo, à quelques pas d’un temple oublié et d’un distributeur toujours en panne. L’enseigne est en bois, fendue par les années, et la vitrine poussiéreuse reflète un monde qui ne regarde plus vraiment. On n’y entre pas par hasard. Ou alors, on y entre une fois, et on s’en souvient longtemps.Celui qui la tient s’appelle Kikuchi. C’est ainsi que tout le monde le connaît : les clients, les voisins, les livreurs. Le genre d’homme qu’on désigne par son nom de famille parce que le reste, on ne le connaît pas — ou on l’a oublié.Mais son prénom, c’est Kōsuke. Et très peu de gens ont encore le droit de l’utiliser.Aujourd’hui, il vit seul, dans l’appartement au-dessus de sa librairie. Il ne parle pas beaucoup. Il mange peu. Il fume parfois, le regard vide, la main tremblante sans raison.Sous son comptoir, il garde une boîte en bois. À l’intérieur : une photo d’Arisu. Un de ses dessin, plié en quatre. Toujours fermée. Et un billet de train.Il n’a jamais osé l’ouvrir.Mais chaque matin, il la regarde. Il la touche du bout des doigts. Comme pour se rappeler que quelque part, quelqu’un a voulu lui parler. Lui dire quelque chose qu’il n’a pas su entendre à temps.Et tant qu’elle reste là, intacte, il y a encore un fil qui le relie à ce qu’il a perdu. Ce fil, il le garde précieusement. Parce qu’il sait qu’un jour, peut-être, il aura la force de le suivre jusqu’au bout.
Liens
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